Des insectes dans nos assiettes ?

Le 10 octobre 2020, dans le cadre de la Fête de la science, Gaëlle Pantin-Sohier, professeure en science de gestion et management, a présenté ses travaux portant sur le caractère de notre société à accepter les insectes comme une nouvelle source alimentaire.

Le Village des sciences proposé les 10 et 11 octobre dans le cadre de la Fête de la science, à la bibliothèque universitaire Belle-Beille à Angers, a été l’occasion pour de nombreux chercheurs et scientifiques angevins de présenter leurs travaux de recherche. Cela a été le cas de Gaëlle Pantin-Sohier, professeure en sciences de gestion et spécialiste du comportement des consommateurs dans le domaine alimentaire.

Photographie de Gaëlle Pantin-Sohier à la Fête de la Science
Gaëlle Pantin-Sohier, professeure en gestion à l’Université d’Angers, pour la Fête de la science.

Membre du Groupe de recherche angevin en économie et management (Granem), Gaëlle Pantin-Sohier étudie le regard des consommateurs sur la place des insectes dans le domaine alimentaire et a présenté pour cette Fête de la science, ses travaux sur ce nouvel apport alimentaire qui vient rompre les habitudes de consommation des Européens, peu familiers des insectes dans leurs assiettes. Avec une table garnie d’exemples d’insectes destinés à la consommation, elle a présenté aux visiteurs de quelle manière les insectes peuvent être intégrés à notre alimentation. On retrouve ainsi des insectes entiers à manger directement, mais aussi des produits alimentaires transformés où les insectes sont présents comme ingrédients ; c’est le cas pour de la farine, composé de vers.

Faire accepter les insectes : le plus grand défi ?

Gaëlle Pantin-Sohier parle aujourd’hui « d’un retard des mentalités, en France et en Europe, sur la place à donner aux insectes dans notre alimentation quotidienne ». En effet, culturellement la consommation des insectes, est déjà très présente en Asie ou même en Amérique. La chercheuse travaille, par exemple, avec des entreprises canadiennes du secteur déjà bien développées, en comparaison au secteur européen qui reste encore très marginal.

« Aujourd’hui, il y a un retard des mentalités, en France et en Europe, sur la place à donner aux insectes dans notre alimentation quotidienne »

L’imaginaire occidental n’a pour l’instant pas acquis la nécessité de s’approprier cette alternative alimentaire dans le cadre d’un développement durable. Gaëlle Pantin-Sohier évoque également l’idée, mise en avant par de récentes études, que les nouvelles générations sont plus enclines à accepter cette évolution alimentaire dans la perspective de protection de l’environnement.

Il existe aussi des obstacles techniques et Gaëlle Pantin-Sohier a soulevé certains d’entre-eux. Aujourd’hui la production d’insectes destinés à l’alimentation est présente en France, la commercialisation de ces derniers est toutefois interdite sur le sol français. Les insectes produits en France doivent ainsi transiter par le Royaume-Uni. Là, ils peuvent être vendus et réexpédiés en France.

Les insectes : l’alimentation de base de demain ?

Malgré cela, depuis quelques années, l’alimentation à base d’insectes se développe de plus en plus rapidement et des entreprises françaises comme Ynsect ou Micronutris tendent à rendre viable la présence des insectes dans notre alimentation quotidienne. Gaëlle Pantin-Sohier parle ainsi « d’un secteur d’espérance et d’avenir » pour « s’éloigner des modèles actuels » où la perspective de diminuer la consommation de viande globale est un point sur lequel il faut agir. Gaëlle Pantin-Sohier évoque ainsi la récente levée de fonds des spécialistes du secteur ayant rapporté près de 370 millions d’euros. Cela dénote un intérêt et un engouement grandissant pour cette nouvelle branche du secteur agro-alimentaire.

L’intérêt de la consommation des insectes au dépend de la viande devient un enjeu de plus en plus important et la spécialiste angevine parle aussi d’un avantage offert par les insectes : ils moins vecteurs de zoonoses, les maladies transmises par les animaux.

Seulement, à l’heure actuelle, Gaëlle Pantin-Sohier explique que les coûts de production des insectes sont encore très importants, jusqu’à 1000 euros le kilogramme pour certaines espèces. Une évolution est attendue sur ce point, le prix ayant tendance à diminuer lorsque la production augmente. Des demandes à l’échelle européenne ont été faites pour développer la place des insectes dans notre alimentation. Elles devraient aboutir en 2021.

Jayson COLAS, Gwenaël GIET

Laisser un commentaire