
Avant qu’Isaac devienne le sujet de ma thèse, il était surtout connu des historiens des idées du Grand Siècle pour sa correspondance de jeunesse, conservée en grande partie dans le Fonds français du Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France. Découvertes par Roger Zuber à la fin des années 1960, ces lettres ont été en partie publiées par lui dans le Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français (1972) puis par Mario Sina dans la Rivista de Filosofica neoscolastica (2002). Quelques lettres demeurent inédites et figureront, bien sûr, dans ma thèse.
Au début de mon travail, ce corpus s’est avéré fondamental et comme il n’était pas intégralement publié, j’ai fait réaliser une copie du microfilm du volume f. fr. 24527 où figurent la quasi-totalité de cette correspondance.

Comme au temps de la guerre froide, bobine de microfilm et espionnage… euh, je m’égare !
C’était il y a presque sept ans et, Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF, n’était pas aussi développée qu’aujourd’hui. Il y a quelques temps, j’ai voulu vérifié une transcription et j’ai découvert – Ô joie ineffable – que les deux volumes contenant les lettres de Papin sont désormais sur Gallica. Après moult difficultés techniques (j’en profite pour remercier Adrien Pery pour son aide), je vais reprendre sur le blog l’intégralité des manuscrits des lettres de Papin. Étant donné la dispersion des lettres dans deux volumes (f. fr. 24527 donc, et f. fr. 24498), elles seront reprises ici en pdf et je les publierai par ordre chronologique pour ainsi suivre les différents échanges de Papin entre 1681 et 1685. Quelques lignes de quelques lettres ne sont pas lisibles sur Gallica – du fait de l’état du manuscrit – mais ce seront 99% des textes qui seront ainsi accessible.
Sur le plan chronologique, s’ajoutent à ce corpus les lettres à Jean Le Clerc, conservées à Bibliothèque de l’Université d’Amsterdam et la Bibliothèque de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français. Comme elles figurent dans les volumes de la correspondance de Le Clerc, et que ceux-ci sont disponibles sur Gallica (voir la rubrique Sources en ligne), j’insérerai dans ce fil de posts épistolaires leur version éditée. De même, les lettres datant de cette période et qui ont été publiées par la veuve de Papin en 1723 – et dont les manuscrits sont perdus – apparaîtront dans la chronologie. Sera ainsi disponible, à une lettre près, l’intégralité de la correspondance protestante de Papin.
On y découvre bien sûr des informations sur sa vie quotidienne, mais surtout énormément de pages consacrées à ses réflexions théologiques et philosophiques. Parmi ses correspondants, de futurs théologiens célèbres, comme Jacques Lenfant et Jean Le Clerc, mais aussi des membres de sa famille (l’une de ses sœurs, l’un de ses cousins), malheureusement, aucune lettre à sa mère et une seule à son oncle, Claude Pajon. Car dans le Fonds français, si l’on retrouve la correspondance passive d’Isaac, aucune de ses lettres n’y figurent. Heureusement, il avait l’habitude d’en prendre des minutes et plusieurs d’entre-elles sont conservées avec les missives qu’il a reçues. Ainsi, avant d’atteindre la correspondance avec Jean Le Clerc, qui débute en 1684, le contenu des manuscrits sera très intellectuel. Lorsque Le Clerc entre dans le réseau épistolaire de Papin, la vie quotidienne de ce dernier devient plus présente. Étant donné la date de cette correspondance, ce corpus constitue enfin un précieux témoignage d’un réformé devant l’application à la rigueur de l’Édit de Nantes, puis sa révocation par l’Édit de Fontainebleau.
Prêts pour un voyage épistolaire de 5 ans vieux de plus de trois siècles ?