La généalogie comme outil de régulation sociale

Dans le champ des sciences sociales, la régulation sociale est un processus qui tend à organiser le monde social et les interactions sociales entre les individus, via des procédés comme la négociation, la confrontation ou encore l’affiliation comme dans le cas de la généalogie. La généalogie peut en effet être regardée comme un outil de la régulation, au sens où sa pratique permet de témoigner de la place d’un individu dans une organisation sociale définie et régie par un ensemble de normes et de principes.

Dès le XIIIe siècle, les premières enquêtes sont menées pour lutter contre les usurpations de noblesse. Les personnes qui se prétendent nobles et qui sont visées par ces enquêtes doivent prouver qu’elles sont véritablement nobles, en étant capables de se rattacher à un ancêtre effectivement noble : c’est là que la généalogie entre en jeu. Au XVIIe siècle, l’exigence faite à une personne noble de détenir des preuves de noblesse s’est répandue, au point de devenir une procédure communément admise pour conserver ou pour obtenir de nouveaux privilèges liés à la condition nobiliaire. Pour la monarchie, il s’agit là d’un moyen de contrôle des élites, de régulation sociale, auquel la pratique généalogique contribue. Dans la tradition française, il faut notamment être capable de justifier de trois siècles de noblesse par son père.

L’utilisation de la généalogie pour asseoir sa position sociale ne s’arrête pas avec l’abolition des privilèges, la nuit du 4 août 1789. Au XIXe siècle, se développe une généalogie sur commande, une généalogie narrative, dont l’objectif est de retracer le prestige d’une lignée, d’insister sur l’ancienneté d’une famille, ou encore de se rattacher à un illustre ancêtre. Le désir de retracer l’histoire familiale se développe fortement, tout comme l’idée de la transmettre à sa descendance.

Aujourd’hui, le souhait de se trouver un parent noble ou célèbre est toujours bien présent, et peut constituer une motivation plus ou moins forte selon les personnes pour la pratique de la généalogie. L’idée poursuivie est toujours d’asseoir sa position sociale d’une manière ou d’une autre, ou de connaître une renommée le temps d’un instant.

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Pratiques, fonctions et représentations du Moyen Âge à nos jours